Le bonheur juif

Vendredi 20 octobre au foyer de Juzet de Luchon à 20h30

Petite perle burlesque du cinéma muet soviétique, réalisé en 1925 par Aleksei Granovski, le film situe l’action à Berditchev, en Ukraine, durant les années 1920. Rêvant de faire fortune, le pauvre Menakhem  Mendel ne recule devant aucun métier pour gagner sa vie et obtenir son « bonheur juif » ( un morceau de viande pour le samedi ). Il s’installe à Odessa et exerce mille petits métiers, mercier, assureur, boursicoteur, courtier, jusqu’au jour où il trouve par hasard une liste de riches jeunes filles à marier. Pensant que la chance lui sourit, il décide alors d’embrasser la profession, qu’il imagine déjà planétaire, de marieur.

« Je compte réaliser un film juif grandiose« , écrivait Alexis Granovski, fondateur du premier théâtre juif subventionné de l’histoire, le Goset (le Théâtre yiddish d’Etat). Il se donne tous les moyens pour parvenir à mener son grand oeuvre. Salomon Mikhoels, la grande vedette du théâtre yiddish, incarne Menahem-Mendl. Le peintre Natan Altman est chargé des décors du film. Le violoniste du Bolchoï, Lev Pulver, compose une musique inoubliable qui mélange allégrement le klezmer et les motifs russes. Les intertitres de ce film muet sont l’oeuvre de la sensation littéraire de l’époque, Isaac Babel, dont le nouveau livre, Cavalerie rouge.

Alexis Granovski livre un portrait de la misère juive de l’époque du tsar et offre les rares images d’un judaïsme en terre russe à travers une séquence de mariage, filmée avec une rigueur et un sens du détail qui inspirera plus tard Marc Chagall pour ses fresques du shtetl. Granovski trace également l’ébauche d’un burlesque yiddish qui aurait dû s’épanouir dans l’est de l’Europe, et trouvera un prolongement inattendu après-guerre dans le cinéma américain avec des comédiens comme Woody Allen, Elliot Gould ou Adam Sandler.

Des liens pour aller plus loin :

> Un commentaire et des images du film :

https://www.kinoglaz.fr/index.php?page=fiche_film&num=250&lang=fr

> Le contexte général :

L’image du juif dans le cinéma soviétique : les fantômes du YiddishlandFrançoise NAVAILH

> Une nalyse plus approfondie ( pour les « mordus » cinéphiles ) :

Le kinoskaz ou « dit » cinématographique : quelques principes théoriques pour un genre nouveau, Catherine GERY, Presses de l’Inalco, 2016

octobre 16, 2023