Capitaine Conan

Guerre d'Orient. Soldat.

Hommage à Bertrand Tavernier.

Capitaine Conan
Vendredi 17 juin 20h30 Juzet-de-Luchon

Film français sorti en 1996. Son action se déroule pendant et immédiatement après la Première Guerre mondiale sur le Front des Balkans. Il s'agit d'une adaptation du roman homonyme "Capitaine Conan" de Roger Vercel. (Wikipedia)

Avec Capitaine Conan, Bertrand Tavernier, grand admirateur de Pour l’exemple, de Joseph Losey et des Sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick, plonge au cœur des ténèbres où des « groupes francs » composés de têtes brûlées, sortis des prisons militaires, mènent une guerre sauvage sur le front des Balkans en 1918. Pourquoi adapte-t-il le livre de Roger Vercel ? Pas seulement pour redire son dégoût de la guerre, le cynisme des états-majors et la cruauté des massacres au nom d’un intérêt dit supérieur. Ce sont ses personnages – des anti-héros – qui le fascinent : entre la gueule d’enragé de celui qui fait peur (Conan : Philippe Torreton) et la mine pathétique de celui qui a peur (Norbert : Samuel Le Bihan), il y a évidemment toute la palette des rescapés de cette terrifiante tragédie humaine.


Guerre d'Orient. Soldat. Image Wikipedia libre de droits.
  1. Un résumé du film : résumé.
  2. Une petite analyse du film, assez intéressante: analyse.
  3. Un rappel historique sur l’armée d’Orient, les Trois jardiniers de Salonique : l’armée d’Orient
  4. Un très bon dossier, très complet, sur les arts et la Grande Guerre : « les arts et la Grande Guerre ».


« Capitaine Conan ». Bande annonce

Hommage à Bertrand Tavernier

L’Horloger de Saint Paul (1974), Que la fête commence (1975), Le juge et l’assassin (1976), puis Coup de torchon (1981), La vie et rien d’autre (1989), L.627 (1992), et enfin Capitaine Conan (1996) : tous ces films de Bertrand Tavernier, je les connaissais presque par cœur lorsque je l’ai rencontré pour la première fois en 1998, lors d’un Colloque « Cinéma documentaire » à la Cinémathèque de Toulouse. Nous avions choisi d’y présenter en sa présence De l’autre côté du périph’, qu’il venait de réaliser avec Nils, son fils. Et il faut dire que ce documentaire en dit long sur ce que faire un film était pour lui.

Rappel des circonstances : en Février 1997, une soixantaine de cinéastes appellent à la désobéissance civique contre la « Loi Debré » qui cherche insidieusement à ficher les personnes ayant hébergé un ressortissant étranger. Ces récalcitrants reçoivent le lendemain une lettre d’Eric Raoult, Ministre délégué à la Ville et à l’Intégration du gouvernement Juppé les invitant chacun à « se rendre dans un quartier sensible afin de mieux apprécier l’ampleur des difficultés économiques et sociales rencontrées par nos compatriotes. Vous vous rendrez peut-être ainsi compte que l’intégration, ce n’est pas du cinéma ». Bertrand Tavernier est ainsi mis au défi d’aller à la Cité des Grands Pêchers, à Montreuil (Seine saint Denis). Il faut dire qu’après la sortie de La Haine, de Mathieu Kassovitz (1995) et Ma 6-T va crack-er de Jean-François Richet (1997), le sujet était cinématographiquement très sensible. Il en résulta un vrai film documentaire, sortant des sentiers battus, aux antipodes des reportages télé, qui allait beaucoup plus loin qu’une réponse en forme de camouflet à la provocation du ministre envers des cinéastes suspects de représenter une « gauche tarama ». Dans à ce film, à travers le traitement vraiment solide de son sujet, à travers la démarche profondément humaine qui l’anime, à travers l’engagement sincère qu’il montre, à travers le respect et la dignité dont chaque séquence témoigne, je crois que j’ai pu vraiment comprendre pourquoi et comment Bertrand Tavernier fait tous ses films. Pour reprendre les mots de Jean-Luc Douin dans sa remarquable biographie (Ramsay, 1997) : « J’aime ce cinéma qui revendique l’héritage de Victor Hugo lyrique et d’Emile Zola l’indigné : fuir la sobriété, tordre les préjugés, cultiver l’irrespect. J’aime cette générosité avec laquelle il traque les malaises de nos concitoyens. Je me sens complice de cette fougue joyeuse qui le fait casser les vitres, foncer dans la dénonciation, pratiquer la douche écossaise. Je suis touché par son obstination à distiller l’émotion. »

Bertrand Tavernier nous a quittés l’an dernier. Cinévallée tenait à lui rendre hommage avec Capitaine Conan lors de cette ciné-soirée du 17 juin.

Un très beau coffret de 19 DVD a été édité : « Bertrand Tavernier, la collection » comprenant tous ses grands films, incluant chacun des bonus où il les présente lui-même, et un excellent livret de présentation.

Roger

Une (très sommaire) présentation de Bertrand Tavernier.


Illustration de l’article : Aux Dardanelles [soldat rampant derrière des fils de fer barbelés]. 1915.
Source : Photo de presse, Agence Rol. Gallica BNF. Domaine public.


juin 7, 2022

Étiquettes : , , ,