« The Servant » de Joseph Losey le vendredi 19 septembre à 20h30 au foyer de Juzet de Luchon

Ayant fui les États-Unis en 1952, poursuivi par le maccarthysme en raison de son engagement politique, Joseph Losey trouve en France et en Angleterre l’inspiration pour de nombreux films, dont Le Messager (Palme d’Or à Cannes en 1971) ou Monsieur Klein (deux César en 1977).
The Servant, réalisé en 1963, marque l’envolée de sa carrière qu’il avait commencée au théâtre, dans la lignée de Berthold Brecht, puis de son premier film américain : Le garçon aux cheveux verts (1948). Avec The Servant, Joseph Losey, accompagné par Harold Pinter pour le scénario, fait de l’adaptation d’un médiocre roman de Robin Maugham un véritable chef-d’œuvre cinématographique incontournable.
Le sujet principal de The Servant est le rapport domination/soumission entre un maître (Tony / James Fox) et son serviteur (Hugo / Dirk Bogarde) qui va être progressivement renversé à coup de phrases et de situations a priori innocentes, de gestes et de regards lourds de signification. Tout cela sous le contrôle omniprésent du miroir du living room, véritable oeil de démiurge et personnage du film, qui « réfléchit » les confrontations entre les protagonistes. La quasi intégralité du film se déroule dans un décor unique dont le sort va suivre l’évolution de la relation entre les deux hommes : une maison achetée par Tony mais entièrement décorée par Hugo et dont ce dernier va prendre lentement mais sûrement possession.
Rien n’est laissé au hasard, chaque plan, chaque bout de dialogue est ciselé avec une précision terrifiante. Avec un scénariste/dialoguiste moins talentueux que Pinter, le film aurait pu devenir pesant, trop démonstratif et perdre de son efficacité. Au contraire The Servant reste un film majeur, l’une des oeuvres les plus abouties du cinéma britannique. Bien entendu il faut également rendre hommage à la prestation de Dirk Bogarde (qui attira l’attention de Losey sur le script écrit à l’origine pour le cinéaste Michael Anderson) et à l’alchimie du couple sado-masochiste qu’il forme avec James Fox. Enfin, la beauté des images et du noir et blanc doit beaucoup au grand chef opérateur Douglas Slocombe.
Pour aller plus loin
Une excellente présentation du cinéma de Joseph Losey sur le site de la CINÉMATHÈQUE :
https://www.cinematheque.fr/article/1735.html
Des analyses et des points de vue sur le film :
https://culture-et-debats.over-blog.com/article-2587771.html
https://www.dvdclassik.com/critique/the-servant-losey
https://www.avoir-alire.com/the-servant-joseph-losey-critique
La bande annonce ( VOST ) :