PHANTOM OF PARADISE JEUDI 15 A JUZET

Phantom of the Paradise (1974) s’inscrit dans la relève qu’apporta le rock au film musical. Après Woodstock (Michael Wadleigh, 1970), sortiront ainsi The Rocky horror picture show (Jim Sharman, 1975) et Tommy (Ken Russell, 1975).  Mais le film est aussi remarquable pour les multiples défis de mise en scène qu’il relève en se confrontant aux récits littéraires et cinématographiques qui l’ont précédé. De Palma adapte Le fantôme de l’opéra, le roman de Gaston Leroux paru en 1910, au travers de son adaptation au cinéma par Rupert Julian (1925). Le personnage de Faustet le contrat signé avec le diable reprend, dans la signature avec la goutte de sang d’un contrat illisible, un plan du célèbre film de Murnau. Le Frankenstein de James Whale est aussi évoqué lors du spectacle final. De Palma transpose aussi la malédiction du Portrait de Dorian Gray: c’est la pellicule qui, remplaçant le tableau, conserve l’apparence du modèle. Le cabinet du Docteur Caligari (Robert Wiene) est aussi évoqué. Enfin, De Palma cite Psychose, d’Hitchcock, par référence à l’assassinat dans la salle de bain.

Cependant, même s’il contient toutes toutes ces références, Phantom of the Paradise est un titre à part dans la filmographie du cinéaste, puisqu’il emprunte la forme extravagante d’un opéra rock fantastique, et plonge dans la démesure visuelle la plus totale. La mise en scène de De Palma, d’une intelligence exceptionnelle, est capable d’oser toutes les outrances stylistiques en restant d’une cohérence et d’une rigueur absolues. Elle tisse un réseau d’images fascinantes, ironiques et cruelles autour de l’industrie spectacle, de son voyeurisme, et de ses méthodes de  vampirisation.  Phantom of the Paradise est peut-être aussi le film le plus intime de son cinéaste : De Palma s’identifie à son antihéros, fantasme de l’artiste génial et méconnu dépossédé de son œuvre par Hollywood. Le film possède une dimension autobiographique qui n’est pas négligeable : c’est un cri de colère, une vengeance, un plaidoyer pour le respect de la création artistique contre les basses manœuvres commerciales.

Débordant d’émotions contradictoires, de l’humour potache au romantisme noir, de l’amour fou au grand guignol, Phantom of the Paradise est finalement un repère clé dans le patrimoine du cinéma postmoderne.

 

 

juin 11, 2017