Les 39 marches d’Alfred Hitchcock au foyer de Juzet le vendredi 21 juin à 20h30
Alfred Hitchcock n’est pas un débutant lorsqu’il réalise, en 1935, Les 39 marches : sa première version de L’Homme qui en savait trop (1934) avait réussi à conquérir d’emblée et la critique et le public. Mais ce film va représenter la quintessence même de ce qui l’intéressera dans toute son œuvre cinématographique : un innocent accusé à tort qui doit mener sa propre enquête envers et contre tous pour parvenir à se disculper, le rythme d’une aventure menée tambour battant, l’exubérance d’une intrigue impliquant une improbable organisation secrète, une forme de malice et d’humour très « british » ( reposant sur un certain flegme, un art consommé de la « direction du spectateur », et une solide maîtrise du « McGuffin » ), un découpage diaboliquement efficace et surtout, bien sûr , un art du « suspense » particulièrement bien maîtrisé. Le tout avec un mépris complet de la rationalité des enchaînements de séquences : on est là, probablement, au cœur même du cinéma d’Alfred Hitchcock, qui abhorrait la dictature de la vraisemblance, et qui préférait filmer « les tranches de gâteau aux tranches de vie. »
A tout cela s’ajoute un casting épatant. Robert Donat, espèce de « Clark Gable anglais« , est capable de passer avec aisance du registre rigolard (pommettes alertes et œil malicieux) à l’urgence du fugitif courant pour sa survie. Pour le personnage de Pamela, Madeleine Carroll, jusqu’alors cantonnée à des rôles de femmes froides, insensibles, a ici l’occasion de montrer son humour et sa sensualité.
Tout cela fait que le film, qu’il convient probablement de considérer comme la plus éclatante pépite de la période anglaise d’Alfred Hitchcock , sera accueilli triomphalement à sa sortie. Claude Chabrol et Eric Rohmer disent de lui qu’il résout la « quadrature du cercle personnelle d’Hitchcock » en incarnant un « film commercial ambitieux à la réussite parfaite. »
Pour aller plus loin, voici quelques liens :
- Analyse du film (à ne pas lire si vous ne voulez pas en savoir trop avant de le voir) :
https://www.dvdclassik.com/critique/les-39-marches-hitchcock
- 6 « recettes pour filer la frousse » ( Télérama 21 01 2011) :
- Hitchcock définit lui-même le « suspense » (document vidéo) :
- Hitchcock par François Truffaut (émission « Le masque et la plume » archive INA 1966) :