Le mot du président de novembre 24

“ Cría cuervos”…

“… y te sacarán los ojos”.

Autrement dit : élève des enfants et ils seront dans l’ingratitude. Constat amer pour un film qui développe une magnifique réflexion sur l’enfance.

1975. Espagne. Franco est en train de mourir mais près de quarante ans de fascisme ont asséché l’âme d’une société. Un pays terrorisé, sclérosé, asphyxié par l’armée et la religion, où on a même détruit la beauté. Il reste pour la petite Ana, huit ans, à se réfugier dans la vie intérieure pour échapper à une famille-prison, métaphore de l’Espagne franquiste. Une narration complexe, une temporalité compliquée : c’est Ana qui, vingt ans plus tard, en 1995, raconte.

La petite Ana résiste grâce à son imagination. Vous n’allez pas oublier ses grands yeux, grandement ouverts sur le monde, sur nous les adultes, sur la société prisonnière du fascisme.

Au-delà de la lecture politique,s’impose une lecture psychanalytique . A quoi joue-t’on pour conjurer la mort ? Échapper à la culpabilité ? Aux scènes que l’on n’aurait pas dû voir ?

Pas de pathos, pas de lyrisme, la vérité crue : l’enfance en devenir, la souffrance des adultes, la société emprisonnée.
Et que trouve-t-on quand on ouvre la porte du réfrigérateur ?

Trottera longtemps dans vos têtes la chanson- leitmotiv du film : “ Porque te vas ?”

“ Cria cuervos” est un très grand film sur l’enfance, un film dans nos consciences.

Bon film ! Et bon débat!

Jean-Paul DURAND

novembre 9, 2024