La Comtesse de Hong Kong à Juzet le vendredi 13 décembre à 20h30 au foyer de Juzet de Luchon

Avec La Comtesse de Hong Kong (1967), Chaplin reprend un scénario qu’il avait écrit pour Paulette Goddard trente ans plus tôt, intitulé Stowaway. Il était retourné avec elle en Asie en 1936 et avait séjourné à Hong Kong. Au retour du voyage, il avait écrit un scénario qui mettait en scène un millionnaire tombant amoureux d’une belle Russe blanche employée dans un dancing, comme beaucoup d’aristocrates, échouées en Chine, après la révolution de 1917. Dans son esprit, Gary Cooper aurait pu jouer le rôle masculin. Ainsi, bien des années plus tard, Chaplin revient à ce scénario préexistant qu’il va actualiser. Si les aristocrates russes émigrés à Shanghai après la révolution bolchevique sont morts, leurs enfants, qui ont émigré à Hong Kong, vivent une vie encore plus difficile. C’est cette situation historique qui va servir de prétexte au film.
Le personnage principal, Ogden Mears, est un ambassadeur américain millionnaire qui découvre, cachée dans sa cabine de bateau, Natacha Alexandrov, une prétendue comtesse russe. Celle-ci veut aller clandestinement aux États-Unis pour se faire naturaliser américaine. Mears s’attendrit au récit de la vie de Natacha, qui a fui la Russie soviétique et s’est mariée à l’âge de quatorze ans avec un gangster. Non sans réticences, il finit par la cacher dans sa cabine, ce qui est source d’un enchaînement de péripéties franchement vaudevillesques et de situations loufoques, que Chaplin utilise comme il l’ toujours fait avec brio. Avec le choix de Marlon Brando ( à un moment,  Louis de Funès avait été pressenti !) et Sophia Loren comme ambassadeur et  comtesse, Chaplin forme d’emblée un duo d’acteurs hautement  improbable : c’est justement de cela qu’il tire parti, en mêlant les situations burlesques, les chassés-croisés parodiant le Théâtre de Boulevard et la légèreté de l’intrigue avec un style de comédie romantique et une tension dramatique entretenue par le sérieux du sujet du film. Entièrement tourné en studio, à Pinewood en Angleterre, c’est son seul film en Technicolor, au format large en 1:85 : tous ses films précédents étaient en 1:33 (les muets) puis 1:37 (les sonores et les parlants). Longtemps, La Comtesse de Hong Kong a été invisible car dénigré lors de sa sortie, sauf par exemple par François Truffaut ou Eric Rohmer, qui disait :   « Quand je vis La Comtesse de Hong Kong, ce fut un coup de foudre … Chaplin donne très humblement sa réponse à la question des questions pour quiconque a pratiqué – ou aimé – le cinéma avant 1930 et entend le pratiquer – ou l’aimer – encore : comment concilier l’esprit du gag, son fantastique, sa poésie, avec le naturalisme obligé du cinéma actuel ? » 

POUR ALLER PLUS LOIN :

Un court résumé :

https://www.cineclubdecaen.com/realisateur/chaplin/comtessedehongkong.htm

Des critiques récentes du film :

https://www.close-upmag.com/2017/11/29/comtesse-de-hong-kong-adieux-couleurs/

https://www.avoir-alire.com/la-comtesse-de-hong-kong-la-critique-du-film-le-test-blu-ray

Une belle analyse dans Les Inrockuptibles

A propos de Marlon Brando :

https://unige.ch/dife/files/1916/3878/7247/2021-12-06_La_comtesse_de_Hong_Kong.pdf

Une curiosité : la chanson du film, réenregistrée par Tino Rossi 

décembre 6, 2024