le mot du président
Un Ange qui extermine…
… pas très catholique ça ? Mais on est chez Luis Buñuel et le film
“ L’ Ange exterminateur” ( 1963) sent plutôt le soufre que l’encens…
Un titre qui dit déjà beaucoup : l’ Ange exterminateur c’est celui qui, dans la Bible, aurait donné la mort à tous les premiers nés , scène de l’ Apocalypse …
Et tous les titres des films de Buñuel disent beaucoup .
En vrac : “Los Olvidados”, “La Vie criminelle d’ Archibald de la Cruz”, “Viridiana”, “Le Journal d’une femme de chambre”, “Belle de jour”, “Le Charme discret de la bourgeoisie”, “Tristana”, “Cet obscur objet du désir”…
Appréciez leur singularité, leur originalité, leur portée symbolique , poétique, psychanalytique (oui, oui!) Des titres qui suggèrent , évoquent, font rêver, font imaginer, interpellent notre “moi”, suscitent l’interrogation , le désir .
Le film : des bourgeois, une réception chic, reclus dans un espace clos. La façade sociale se délite, s‘effondre. Dénonciation d’une classe sociale et de ses valeurs où le conformisme, les conventions, l’hypocrisie dissimulent et étouffent les désirs, les pulsions …
Transgressif, subversif, “ L’Ange exterminateur” est un film hors-norme, hors réalité, sur-réaliste, parfaite métaphore de la condition humaine et du monde.
Un film de trouvailles, d’apparitions, irrationnel – à la singularité irréductible. “Ses images, comme celles du rêve, ne reflètent pas la réalité, elles la créent” dira Luis Buñuel.
Du cinéma Buñuel dira encore ceci , qui peut éclairer notre vision du film : “ C’est le meilleur instrument pour exprimer le monde des songes, des émotions , de l’instinct. Il paraît avoir été inventé pour exprimer la vie du subconscient …” et : “ Je suis toujours athée, grâce à Dieu… Je crois qu’il faut chercher Dieu dans l’homme, c’est une attitude très simple”.
À relire, à méditer, à vous de juger sur pièces.
Bon film. Et bon débat . Forcément !
Jean Paul Durand