Mars attacks à Juzet de Luchon à 20h30 le vendredi 19 juillet (salle du 1er étage)

Présentation : 

Enfin, ça y est, depuis le temps qu’on en parle, les Martiens arrivent sur notre planète ! 

Depuis La Guerre des mondes – le célébrissime récit d’anticipation de H.G.Wells paru en 1898 – les histoires de science-fiction qui ont repris ce thème se sont multipliées dans tous les domaines : romans, BD, cinéma, séries télévisées, et même radio via une adaptation par Orson Welles, si réaliste qu’elle avait semé la panique lors de sa diffusion en 1938. Sorti en 1996, en même temps qu’Independence Day, de Roland Emmerich qui opère, lui, sur le mode film-catastrophe, Mars Attacks ! de Tim Burton s’inscrit en décalage complet avec tous ces avatars : il choisit la parodie, le burlesque caricatural, le grotesque, le mélange des genres. 

Dans ce fillm hollywoodien à très gros budget, qui multiplie les effets spéciaux et mêle le cartoon à la Tex Avery avec les scènes de guerre les plus effrayantes, Tim Burton se fait un malin plaisir à brocarder tout ce qui passe à sa portée : un couple présidentiel (Jack Nicholson et Glenn Close) qui meuble la Maison-Blanche plus qu’il ne la dirige, un milliardaire roublard (encore Jack Nicholson) qui crée un casino d’opérette à Las Vegas, son ex-alcoolo d’épouse (Annette Bening) qui vire à la baba-cool  New Age, un couple de présentateurs TV (Michael J. Fox et Sarah Jessica Parker) à fond dans la vanité et l’égocentrisme, des conseillers militaires tantôt bellicistes (Rod Steiger) tantôt pacifistes (Paul Winfield), un porte-parole politique très porté sur le sexe (Martin Short), des scientifiques trop intellos et prétentieux (Pierce Brosnan et Jerzy Skolimowski) pour croire à une coexistence pacifique ou pour traduire correctement une langue inconnue, une mamie zinzin qui a pour animal de compagnie un chat empaillé (Sylvia Sidney)…. 

Tant de spécimens d’Américains que Tim Burton raccorde par des pseudo valeurs.  D’abord la télé, soit exploitée par ceux qui en tirent une image déformée et valorisante d’eux-mêmes, soit défendue les armes à la main par ceux qui s’en gavent à longueur de journée. Ensuite le mauvais goût, ici matérialisé par un Las Vegas surpeuplé d’escrocs, de marchands et d’idéalistes sans scrupules. Enfin la perception de la foule, comme un ensemble sujet à la déficience tous azimuts et qui en prend ici plein les dents. 

Quant aux extraterrestres, dans cette version kitsch très 50’s, ils nous ramènent aux visions paranoïaques de l’Amérique à l’aube de l’ère atomique. Une Amérique qui puisait dans l’inconscient populaire pour évacuer ses peurs engendrées par le conservatisme et le protectionnisme en se plaisant à imaginer le pire avec naïveté. Les sympathiques bien que mortellement farceurs martiens sont alors des révélateurs de la fragilité et de l’ignorance d’une Amérique consumériste, égoïste et belliqueuse. Finalement selon Tim Burton, le pire ennemi que pourrait craindre la patrie de l’Oncle Sam, c’est encore la bêtise. La force de ce film est donc certainement de faire preuve d’une grande lucidité sur son pays tout en évitant de paraitre sentencieux. Le fantaisiste restant le maître d’œuvre de l’entreprise. 

Pour aller plus loin :

Une analyse du film :

https://www.courte-focale.fr/cinema/analyses/mars-attacks-tim-burton-1996/

La bande annonce :

juillet 10, 2024